– 2007 –      Voir les textes plus bas

Le Soleil du 4 février et Le Devoir du 6 février 2007: La réduction de la consommation — La grande oubliée de la lutte aux gaz à effet de serre

Le Soleil du 4 mars 2007:  Du neuf avec du vieux :   Soyez futé; achetez usagé

Le Devoir du 29 juin 2007:  Heureusement le ridicule ne tue pas

La Presse, Le Soleil et L’Aut Journal, en août 2007:  A l’aide… délivrez-moi du Publisac

Magazine Vivre, sep-oct 2007: Bricoler tout simplement

Le Soleil, 10 oct 2007:  La richesse et la simplicité volontaire

Le Journal de Québec: 23 nov 2007:  Un joyeux Noël en toute simplicité (voir Articles_sur_Noel  2003-2009 en pdf ) 

Le Soleil et Cyberpresse, 28 nov 2007: Vous nous faites honte, M. Harper !

Le Soleil et Cyberpresse, 6 déc 2007 et Le Couac en fev2008: Bali et la nécessaire remise en cause de la croissance 

– 2006 –

Le Soleil du 9 juin 2006 : Non à l’abandon du protocole de Kyoto au Canada

Le Soleil du 15 novembre 2006: L’incontrôlable impulsion d’acheter   et  Des stratégies pour enrayer l’impulsion

Le Soleil du 20 décembre 2006: Un Noël de simplicité volontaire: des fêtes pas compliquées.

 

– 2003 et 2004 – 

Le Soleil du 13 décembre 2003 : Un Noël fêté autrement

Le Soleil du 18 décembre 2003 : Pour des traversiers gratuits à Québec

Le Soleil du 22 avril 2004 : La gestion des déchets à Québec – Valoriser la récupération, mais pas par un écocentre

Le Soleil du 26 avril 2004 : Adeptes de la simplicité volontaires – Le mouvement doit se multiplier pour survivre (colloque 2004)

Le Soleil du 30 avril 2004 : Objectif collectif – la richesse ne donne pas le bonheur

Le Devoir du 3 août 2004 : Un projet insensé : le bouclier antimissile américain

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 Textes de 2007 – 

 La réduction de la consommation — La grande oubliée de la lutte aux gaz à effet de serre

Le Soleil (Cyberpresse)- 4 février 2007             Le Devoir – 6 février 2007

Pascal Grenier et Serge Mongeau et les conseils d’administrations du Réseau québécois pour la simplicité volontaire et du Groupe de simplicité volontaire de Québec.

La lutte aux gaz à effet de serre (GES), afin de limiter les changements climatiques, a déjà fait l’objet d’un plan relativement détaillé du gouvernement du Québec, tandis que le fédéral vient de faire l’annonce de projets fragmentés. Aucun des deux niveaux de gouvernement cependant ne fait état de la réduction de la consommation générale comme élément stratégique de son plan.

En effet, les initiatives du Québec et du Canada abordent surtout la question sous l’angle des améliorations technologiques et de l’accroissement des investissements, principalement dans les domaines du transport, du bâtiment et de la production énergétique. Pourtant, le simple fait de réduire la consommation pourrait être une mesure extrêmement rapide, efficace et peu coûteuse. Elle ne nécessiterait que des ressources pour concevoir des campagnes de publicité.

Publicité inversée

La publicité pour inciter à moins consommer serait évidemment «le monde à l’envers». De toute évidence, aucun gouvernement ne veut actuellement réduire la croissance économique, laquelle est liée directement à la production et à la consommation. Et pourtant, il n’y a pas d’autres moyens réellement efficaces de lutter à long terme contre les changements climatiques et d’aborder dans son ensemble la question de la conservation de l’environnement. L’approche des gouvernements actuels, qui s’appuie sur des investissements toujours plus considérables, est une fuite en avant.

Tant que la publicité omniprésente incitera les gens à consommer toujours davantage, nous assisterons à une course folle à la satisfaction de faux désirs par des objets souvent non nécessaires. La consommation et la surconsommation (certains parlent d’hyperconsommation) est en lien direct avec l’épuisement des ressources et diverses pollutions, dont le dégagement de GES. Une mise en application d’une réduction de la consommation n’a pas besoin de décisions au sommet (quoique cela serait bienvenu). Elle peut se faire sur une base individuelle, sans délai, ne demande pas de recherche, de progrès technologiques ni d’investissements importants.

Des moyens efficaces

Voici quelques exemples de réduction de consommation qui seraient particulièrement efficaces :
• les voyages en avion : ils sont rendus très populaires, alors que c’est de loin le moyen de transport le plus producteur de GES;
• les maisons et les véhicules «surdimensionnés» : les maisons et les véhicules sont de plus en plus gros, alors que nous avons de moins en moins d’enfants. Cela a un effet important et direct sur la production de GES;
• l’étalement urbain : les banlieues s’étirent de plus en plus, ce qui provoque des déplacements très consommateurs en hydrocarbures, principaux producteurs de GES ;
• la consommation de viande : les animaux absorbent des quantités considérables de céréales pour se nourrir, ce qui nécessite beaucoup d’énergies non renouvelables productrices de GES.

D’autres exemples de réduction peuvent être mentionnés relativement à certains gaspillages :
• les appareils électriques et électroniques qu’il n’est plus «rentable» de faire réparer et qui sont jetés lors du premier problème mécanique. Cela représente un gaspillage considérable de ressources et d’énergie, sans compter qu’il faut les remplacer.
• la fabrication et l’utilisation d’articles de sport motorisés, spécialement les moteurs à deux temps, souvent inutiles voire nuisibles et producteurs de GES.

Un deuxième usage à la place du neuf!

De plus, dans un contexte de réduction de la consommation, on pourrait faire la promotion de la consommation d’articles usagés plutôt que neufs et on pourrait chercher à prolonger le plus possible la vie des biens matériels de toutes sortes.

Une diminution de la consommation, en plus d’être très bénéfique pour la réduction des GES amènerait, hors de toute attente, une amélioration de la qualité de vie. En effet, si quelqu’un consomme moins, il a moins besoin d’argent ce qui lui permet de moins travailler. Cette récupération de précieux temps lui permet d’investir davantage dans sa croissance personnelle, dans l’harmonisation de la vie avec ses proches et dans l’investissement pour le bien de sa communauté. Tout ceci permet d’accroître la cohérence entre ses valeurs et ses actions ce qui favorise l’épanouissement personnel et le mieux être individuel et collectif.

Bien sûr, la réduction de la consommation n’interpelle pas tous les gens de la même façon. Ainsi, ceux qui possèdent davantage (25% de la population au Québec possède 75% des ressources financières) sont ceux qui doivent fournir le plus d’efforts dans la réduction de leur consommation. Pour eux, la voie de la philanthropie est tout indiquée pour disposer de leurs surplus.

La décroissance et son économie parallèle

Cette réduction de la consommation amènerait évidemment une décroissance économique. Toutefois, est-ce si grave pour un pays qui est un des plus riches du monde? On peut affirmer qu’ici, ce n’est pas la richesse qui manque, mais c’est l’équilibre dans la répartition de celle-ci. Et, de toute façon, dans le contexte actuel, ce sont encore les riches qui s’enrichissent et les pauvres qui s’appauvrissent. De plus, dans une société où on respecterait davantage les objets en les faisant durer, il y aurait création de nombreux emplois et une autre économie en résulterait.

Pour ceux qui s’inquiéteraient encore des effets d’une réduction de la consommation de biens sur l’économie, mentionnons qu’il y a une alternative : la consommation non-matérielle. Celle-ci peut prendre la forme de consommation de services ou être reliée à la culture, au savoir, aux arts, aux sports, à la croissance personnelle, aux activités reliées à la nature, etc. en autant que les composantes matérielle et énergétique soient minimales. Il y aurait donc ainsi quand même une certaine croissance économique, mais peu de pollution.

La réduction de la consommation et l’effet de serre sont donc intimement liés, même si ça ne paraît pas dans les plans québécois et canadien actuels. De plus, la consommation et la nécessité de sa réduction apparaissent évidentes lorsque l’on envisage la question environnementale dans son ensemble. Finalement, la simple recherche de l’équilibre humain dans une société qui court dans tous les sens, amène les personnes qui s’arrêtent à mettre de l’ordre dans leur vie. Alors les priorités sont déplacées en dehors de ce matérialisme irresponsable et immature qui caractérise trop souvent la société occidentale contemporaine.

*Pascal Grenier est président du Groupe de simplicité volontaire de Québec. Serge Mongeau, pionnier du mouvement de simplicité volontaire au Québec, les conseils d’administrations du Réseau québécois pour la simplicité volontaire et du Groupe de simplicité volontaire de Québec.

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Du neuf avec du vieux : Soyez futé; achetez usagé

Le Soleil, dimanche le 4 mars 2007

par Pascal Grenier, responsable  du Groupe de simplicité volontaire de Québec

La Communauté Métropolitaine de Québec (CMQ) vient de publier un guide très bien fait : « Soyez futé; achetez usagé ». Cette excellente initiative visant à encourager l’achat d’articles usagés correspond exactement à ce qu’ont besoin les organisations dans le domaine. Partout il y a beaucoup de dons d’objets, mais peu d’acheteurs.

Ce geste de la CMQ est une première. Dans les organisations publiques, on encourage à fond le développement économique et la fabrication de biens neufs, toutefois les avantages du commerce d’usager sont presque toujours passés sous silence.

Personnellement, j’achète la majorité de mes biens (sauf la nourriture) dans une version usagée.  J’ai développé des techniques très efficaces pour repérer facilement les objets que je désire. Après avoir décidé que j’avais vraiment besoin d’un bien, je consulte des catalogues pour évaluer le prix de l’objet neuf. Ensuite, je contacte par téléphone différents marchands d’objets usagers susceptible de vendre ce bien. Auprès des marchands, je m’assure que le produit me convient de même que son prix. Ensuite, je visite les marchands qui on en main le bien convoité. Dans la plupart des cas, j’arrive à trouver assez rapidement l’objet, en bon état ou nécessitant de petits ajustements, à environ 25% du prix de l’objet neuf.

Si, dans la population on développait davantage cette habitude à l’achat d’objets usagés, on améliorerait sensiblement l’état de la planète, on créerait plus d’emploi ici et on  donnerait une meilleure qualité de vie à bien des gens, et ce, sans croissance économique.

Adresse web du guide « Soyez futé; achetez usagé » :  www.achetezusage.com

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Heureusement le ridicule ne tue pas!

Article paru dans Le Soleil, Le Devoir et L’Aut’journal 

LA COURSE AUTOMOBILE TOURNE AU VERT? ALLONS!  (Le Soleil, 9 juillet) 

Heureusement le ridicule ne tue pas!  (Le Devoir, 29 JUIN)

Pascal Grenier

Depuis quelque temps plusieurs nouvelles me hérissent le poil.

· L’industrie de la course automobile tourne au vert semble-t-il. Alors que cette activité est un gaspillage environnemental monstre, on imprime une terre sur une formule 1 et on essai de nous faire croire que les choses vont changer. Réduire la consommation des bolides serait une goutte dans l’océan de la pollution de ce genre d’activité. À mon point de vue, il n’y a qu’un avenir raisonnable aux courses automobiles et c’est l’arrêt total et immédiat si l’on veut être logique avec notre approche environnementale. Et dire que le parti conservateur finance une voiture de course de NASCAR.

· L’aéronautique a abattu ses cartes vertes récemment à la rencontre de Le Bourget. On prévoit une réduction des nuisances de 50% d’ici 20 ans en faisant appel principalement aux progrès technologiques. Lorsqu’on fouille ce domaine on y découvre que le trafic aérien doublera également pendant la même période. Par conséquent, si vraiment les progrès technologiques remplissent leurs promesses, ce qui n’est pas du tout certain, aucun réel progrès ne serait enregistré par rapport à la pollution actuelle. Curieusement, personne ne parle de la simple réduction de l’usage de l’avion pour les loisirs ou les vacances. De plus, je me demande pourquoi le domaine de l’aéronautique jouit d’une exemption de taxe sur les carburants. Voilà une belle opportunité de taxe verte.

· Le tourisme spatial est cependant la dernière cerise sur le sundae de la pollution. On prévoit propulser des personnes à 100 km d’altitude et leur faire vivre l’apesanteur pour un déplacement d’une heure et demi à un coût de ½ M$.

Et dire que je ne prend pas mon auto pour me rendre au dépanneur chercher un litre de lait par souci pour l’environnement…

Pascal Grenier, simplicitaire
Québec

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A l’aide… délivrez-moi du Publisac

2007-08-03 Cyberpresse et  La Presse (format papier) 2007-08-19
À l’aide…délivrez-moi du Publisac | Opinions | Cyberpresse

2007-08-08  Le Soleil
Délivrez-moi du Publisac | Le Soleil | Cyberpresse

  Il y a quelques mois, le Groupe de simplicité volontaire de Québec effectuait deux petites enquêtes qui ont révélé qu’environ 30 à 50% des gens ne désiraient pas recevoir le Publisac distribué aux portes des maisons dans la région de Québec. C’est ainsi à environ 160 000 foyers que le Publisac est distribué inutilement deux fois par semaine.

D’un autre côté, nous avons évalué que la valeur du matériel publicitaire sous forme de papier imprimé pouvait s’élever à environ 5 à 7$ par semaine et par porte. Un simple calcul permet de déterminer qu’il se gaspille donc environ 50M$ en sacs de publicité inutiles chaque année dans notre région.

Publisac et récyclage

Le Publisac présente un autre problème chronique et c’est les difficultés reliées à la récupération. En effet, lorsque ces contenants sont placés dans le bac de recyclage, la majorité des gens laissent tout le papier dans le sac de livraison. Ceci crée un problème important au centre de tri car le papier doit prendre une voie de recyclage différente de celle des sacs de plastique. Par conséquent, la contamination du papier par les Publisacs non triés par les employés sur les chaînes, diminue la qualité du matériel de recyclage vendu par le centre de tri.

Publisac et le journal de quartier

De plus, nos enquêtes ont démontré que beaucoup de gens qui reçoivent le Publisac ne désirent en fait que le journal de quartier qui y est inclus. Malheureusement, la multinationale Transcontinentale, qui possède la division Publisac, n’a jamais accepté de distribuer séparément le journal de quartier du reste du matériel publicitaire. Ceci multiplie d’autant cet immense gaspillage.

Difficultés à se débarrasser du Publisac

De nombreuses personnes se sont plaintes des difficultés de se débarrasser des Publisacs.
Personnellement, j’ai fait de nombreux efforts pour ne plus recevoir cette publicité encombrante, mais avec peu de succès. En effet, j’ai commencé par mettre un autocollant « Publicité… non merci » sur ma boîte aux lettres, ce qui a éliminé les livraisons pour quelque temps.

Ensuite, le Publisac a été accroché à la porte extérieure de mon portique. J’ai alors placé un autre autocollant juste au-dessus de la poignée de porte. Alors le foutu sac a été accroché après la porte du garage l’hiver dernier. Je me suis alors tourné vers la compagnie de distribution des Publisacs à Québec pour me faire proposer leur autocollant que j’ai apposé à deux endroits.

À mon grand désespoir, le Publisac a commencé à être livré par la porte avant au printemps. Même avec un autocollant au-dessus de la poignée de porte, il fut laissé sur une chaise extérieure sur la galerie. J’ai retéléphoné chez Publisac pour me plaindre à nouveau. On m’a assuré qu’on ferait le nécessaire. Or, cette fois, le camelot l’a tout simplement jeté sur la galerie face à la porte. Récemment, j’ai été conscient de la livraison et j’ai interpellé la jeune fille qui faisait la distribution. Je lui ai bien montré l’autocollant mais elle m’a simplement répondu, l’air éberluée « c’est la première fois que je fais ça et je ne sais pas ». Après observation, je conclus que c’est peine perdu car les camelots, souvent très jeunes, changent constamment.

En conclusion

Il faut vivre dans une société drôlement riche pour tolérer un tel gaspillage. Il faut aussi vivre dans une société drôlement insouciante de la protection de l’environnement pour endurer toute cette pollution associée à la production et à la disposition inutile de ce matériel. Il me semble que la Ville de Québec devrait intervenir pour réduire ces déchets inutiles. Le ministère du Développement Durable de l’Environnement et des Parcs devrait aussi agir à ce niveau, car le problème est provincial. Pour les gens qui utilisent le matériel publicitaire, c’est excellent. Toutefois, le gaspillage monstre associé à la distribution inutile est tout à fait inacceptable.
Finalement, je m’interroge sur la légalité du droit que possède la compagnie Publisac de venir déverser chez moi, de même qu’à tous les foyers, ce paquet de circulaires qui n’a été sollicité d’aucune façon et dont on nous oblige à faire la gestion. Quelqu’un, aidez-moi…

Pascal Grenier,

responsable du Groupe de simplicité volontaire de Québec

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Bricoler…tout simplement.

Article paru dans le magazine Vivre, sep-oct 2007

Les bricoleurs sont de plus en plus nombreux. Ils varient des grands enthousiastes qui pratiquent l’autoconstruction, à ceux qui se limitent à fabriquer des cabanes d’oiseaux. Les adeptes de la simplicité volontaire, ou « simplicitaires », sont souvent des bricoleurs d’abord parce qu’ils ont récupéré du temps dans leur vie. Ils font les choses eux-mêmes pour des raisons économiques bien sûr, mais aussi pour la créativité et le simple plaisir.

Les bricoleurs fervents de simplicité  ne sont généralement pas entraînés dans la mode des maisons de plus en plus grandes et « équipées » de chambres de bain somptueuses,  d’aménagement paysager très élaborés ou de spa dispendieux. Ils préfèrent souvent acheter une maison d’un certain âge dans un quartier bien localisé sur le plan des transports en commun quand ce n’est pas en campagne. Ils peuvent alors travailler tranquillement à la rénover et à l’entretenir au fil des ans.

Bricoler, selon certains principes de simplicité volontaire, veut dire :

Réparer et faire durer les objets. Chez les simplicitaires, il y a un grand respect pour les objets, ce qui les amène à les faire durer plutôt que de les jeter rapidement. D’ailleurs, souvent les objets achetés sont déjà usagés et nécessitent de petites réparations. Ainsi, il n’est pas rare de voir un adepte de la simplicité volontaire faire durer un objet aussi longtemps qu’il trouve des pièces disponibles pour le réparer. Il est important de se développer un réseau de personnes pouvant nous conseiller et d’endroits où se procurer des pièces usagées. Le fait d’avoir réussi une réparation difficile est souvent l’objet d’une grande fierté pour un simplicitaire et  cela nourrit bien les conversations entre adeptes. Tout un contraste avec les échanges habituels de bureau où les gens discutent plutôt de leurs derniers achats, quelquefois fort dispendieux, comme le cinéma maison dernier cri.

 – Rechercher des matériaux usagés, recyclés, naturels ou avec de légères imperfections. Il est surprenant de constater les économies qu’on peut réaliser en se procurant des matériaux en dehors du commerce conventionnel. Certains simplicitaires audacieux sont experts pour récupérer des matériaux dans les encombrants mis le long des rues, d’autres ont leur réseau de marchands d’objets d’occasion ou possédant de petits défauts.

Mon frère me mentionnait  dernièrement avoir trouvé suspect de voir une laveuse et une   sécheuse en même temps mis au rebut sur le bord d’un rue. Comme sa fille avait besoin de ce genre d’appareils, ça l’a incité à transporter ces objets chez lui et à les tester. À sa grande surprise, les deux appareils fonctionnaient parfaitement bien.

Personnellement, je me suis procuré, chez un ferblantier, de la tôle avec de petits défauts pour couvrir un abri à remorque et ce à la moitié du prix du neuf. Ma conjointe et moi avons construit un muret  en pierre des champs que nous sommes allés chercher dans une gravière à une fraction du prix des briques inter-blocs qui sont utilisés habituellement pour construire des murs.

Emprunter ou louer les outils utilisés occasionnellement.  Pourquoi ne pas envisager emprunter le taille-haies ou l’échelle de votre voisin? Pourquoi ne pas partager l’usage d’une  remorque dans la parenté? En plus de réduire les coûts, de tels échanges entretiennent les relations humaines. De même, la location de certains outils spécialisés est souvent bien préférable à leur achat. Même si le prix de certains outils a diminué drastiquement depuis quelques années, avec l’arrivée des produits asiatiques, il est souvent mieux pour l’environnement et pour ne pas encombrer votre atelier de louer ces outils.

Utiliser des outils avec raccordement électrique plutôt qu’à piles (même rechargeables). Les piles sont souvent rendues inutilisables après quelques années et les piles de rechange sont aussi onéreuses que l’outil au complet. L’aspect pratique associé à l’usage d’outils à piles ne doit pas faire oublier la toxicité des piles (présence de nickel et de lithium), surtout rechargeables. La récupération des piles au Québec n’est pas très bien organisée et à peine 10% des piles ordinaires et 50% des piles rechargeables retournent à la récupération.

Un des principaux problèmes reliés au bricolage simple est le peu de disponibilité des matériaux usagés. En effet, les lois protégeant la rémunération des travailleurs de la construction font en sorte que la récupération de ces matériaux par la « déconstruction »  est rendue presque impossible, car le coût de revient n’est pas concurrentiel avec celui des matériaux neufs. Cette difficulté se répercute sur le peu de magasins de matériaux de construction usagés. Dans la  région de Québec par exemple il n’y a que « Québec Aubaine Recycle » qui s’annonce dans les Pages Jaunes sous la rubrique « Matériaux de construction usagés ». Dans le même ordre d’idées, la disponibilité des pièces usagées pour les appareils électroménagers se fait de plus en plus rare.

Les réparations à faible coût peuvent aussi être à la portée des personnes moins manuelles. Ainsi, une amie me racontait qu’elle échangeait une vidange d’huile de sa « minoune » par le voisin de palier, contre quelques pâtés au poulet qu’elle cuisinait elle-même. Les Services d’Échanges Locaux (SEL), faisant la promotion du troc multilatéral, sont des organismes tout désignés pour favoriser ce type de « transactions ». Dans la région de Québec on retrouve le Groupe JEU (http://monjeu.net/) et l’Accorderie (www.accorderie.ca) qui offrent ce genre de service.

Même les meilleurs bricoleurs,  souvent après avoir demandé l’aide de parents ou d’amis plus habiles, peuvent avoir recours à l’intervention d’un spécialiste. Il est utile alors de faire appel à son réseau de connaissances pour obtenir des références. Par la suite, « magasinez » les conditions et les prix. Personnellement, j’accumule les réparations, quand c’est possible, pour « rentabiliser » les visites. Quand le spécialiste est là, examinez comment il procède et posez des questions. Au prochain bris, vous pourrez peut-être le réparer vous-même.

Le modèle du parfait bricoleur pour moi est celui ou celle qui construit une cabane dans les arbres (sans les abimer)  pour et avec ses enfants, en matériaux récupérés et avec certains outils empruntés aux voisins.

Pascal Grenier, simplicitaire

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La richesse et la simplicité volontaire

Pascal Grenier, simplicitaire

paru dans Cyberpresse le 10 octobre 2007

 

Les récentes informations concernant le manoir du couple Blanchet-Marois évalué à 3 millions ont fait l’objet de plusieurs réactions trahissant un malaise chez plusieurs personnes.

 Certains défendent cette opulence comme un droit dans notre société en autant que la richesse ait été acquise honnêtement. D’autres ressentent un malaise devant une telle accumulation de biens pour quelques personnes seulement. J’aimerais présenter ici l’opinion d’un simplicitaire sur la richesse. Pour avoir animé plusieurs ateliers de discussion sur le thème de l’argent, je sais que la question soulève des passions.

L’argent n’est pas un mal en soit. C’est même un moyen d’échange très utile.  Toutefois, l’accumulation de richesses provoque presque toujours une consommation excessive de biens matériels. Cette surconsommation, souvent ostentatoire, produit plusieurs effets négatifs.  En effet, il est de plus en plus affirmé dans notre société, que consommation égale pollution. Cette équation a été longtemps éludée par les gouvernements et le milieu des affaires, mais maintenant on ne peut plus se cacher la vérité. La seule voie pour sauver l’environnement, qui se dégrade à grande vitesse, est la réduction importante de la consommation des pays riches et en particuliers celle des riches des pays riches.  En plus de prélever beaucoup de ressources et polluer l’environnement l’hyperconsommation de biens matériels crée des injustices sociales qui provoquent de l’envie voir de la jalousie qui se répercutent en frustrations, délinquances et parfois criminalité. Certains prétendent même que le terrorisme international est attribuable, en bonne partie, à l’écart de richesse entre les pays pauvres et nous.  Finalement, la présentation de richesses excessives comme le font le couple Blanchet-Marois encourage le désir de possession et d’accumulation chez beaucoup de gens fascinés par la richesse. Hervé Kempf, dans son récent livre « Comment les riches détruisent la planète » parle du désir généralisé de monter dans la classe sociale au-dessus de celle atteinte par les gens. Ceci provoque donc une spirale ascendante dans la recherche de l’opulence qui est insatiable et qui nous mène directement à la destruction de la planète.

La seule façon de vivre la richesse, selon la simplicité volontaire, est dans la modération et la philanthropie. Lorsque nous tenons nos ateliers sur la simplicité volontaire sur le thème de l’argent, nous faisons un drôle d’exercice, soit celui de nommer les désavantages à avoir trop d’argent. Il est surprenant de constater comment nous découvrons de facteurs négatifs. Maintenant nous pourrons en rajouter un autre, soit que ça peut nuire à une carrière politique.

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 Un joyeux Noël en toute simplicité 

Canoë.ca, vendredi 23-11- 2007

Journal de Québec, dimanche 25-11-2007
Suggestions du Groupe de simplicité volontaire de Québec
Un joyeux Noël en toute simplicité
Canoë,  Mélanie Tremblay, interview de Pascal Grenier et Monique Côté

La fête de Noël, jadis un événement familial de partage et d’amour, est devenue aujourd’hui une fête de la surconsommation et de la matérialisation, et ce, trop souvent aux détriments des vraies valeurs. En ce sens, le Groupe de simplicité volontaire de Québec (GSVQ) propose un retour aux sources avec un Noël en toute simplicité.

La simplicité volontaire est une philosophie de vie qui propose des modes d’action qui remettent en question tous les aspects de vie. Elle laisse de côté la surconsommation, le surendettement, le surtravail et la surexploitation des ressources. Cette façon de vivre mise plutôt sur le respect, l’équilibre, la justice, le partage, la communication, l’harmonie, l’équité, l’environnement et le pacifisme.

« Il est question de faire passer l’être avant l’avoir, sans tomber dans l’extrémisme. Le mouvement de la simplicité volontaire n’est pas une secte ou une religion. Ça ne veut pas dire non plus qu’il faut devenir pauvre!», explique Monique Côté, fondatrice et coordonnatrice du GSVQ.

Selon Pascal Grenier, cofondateur et responsable du groupe, qui est aussi le conjoint de Mme Côté, la société est dans une tendance non pas de surconsommation, mais bien d’hyperconsommation, qui se reflète particulièrement à Noël. Celui-ci croit que cette tendance serait due au manque de repères d’harmonie, d’équilibre, de respect et de partage qui encadraient les gens d’autrefois. Pour remédier à la situation, lui et sa conjointe proposent quelques façons de faire.  

Cadeaux
Qui dit Noël, dit cadeaux. Pour le couple, opter pour la simplicité volontaire ne signifie pas qu’il faut éviter l’échange de cadeaux, mais plutôt qu’il faut être raisonnable et partager des moments de vie qui se révèlent des cadeaux inestimables.

« L’échange de cadeaux est un geste significatif d’affection. Mais donner un seul cadeau à chacun de nos proches ou opter pour un échange familial suffit amplement. Et il faut faire des choix économiques respectant des valeurs écologiques et d’équité. Le partage d’activités ou de jeux durant la journée de Noël est aussi extrêmement enrichissant », souligne la coordonnatrice.

Son conjoint, qui a fait carrière comme ingénieur au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, donne quelques idées-cadeaux. « On peut offrir des cadeaux usagés comme des antiquités, des cadeaux équitables qui proviennent de boutiques spécialisées, des produits québécois, des objets qu’on possède et qui ont une valeur significative pour nous, des paniers de produits alimentaires cuisinés à la maison ou encore, on peut donner du temps à travers des activités », donne-t-il en exemples.

 Repas
Hormis les cadeaux, le souper de Noël représente aussi d’importantes dépenses quand on invite toute la famille à la tablée. Des dépenses qui peuvent s’avérer peu équitables et peu écologiques. De plus, le repas de Noël est souvent préparé par un seul individu, ce qui défavorise le partage. Mais il y a des moyens pour contrer ces problèmes.

« La première recommandation est de préparer un repas communautaire où chacun est invité à cuisiner une partie du repas. On considérera aussi un autre aspect important : acheter des aliments équitables, biologiques et écologiques. Il faut ensuite éviter la vaisselle jetable et les serviettes de table en papier et opter pour laver la vaisselle en famille », énumère Monique Côté qui a été conseillère en alimentation dans le milieu communautaire durant plus de 20 ans.

 Décorations
En ce qui concerne les décorations de Noël, pour garder un esprit de simplicité volontaire, il faut d’abord oublier les nouvelles tendances à la mode. « Il ne faut pas renouveler les décorations de Noël sans cesse. Il faut garder les mêmes d’année en année et les entretenir. Si le besoin de faire de nouveaux achats se présente, il est préférable d’acheter des décorations usagées », suggère Mme Côté.

Il faut également mettre à l’avant-plan les produits naturels, en commençant par faire l’acquisition d’un arbre de Noël naturel et sauvage qui n’aura pas été cultivé, d’après M. Grenier. L’utilisation de branches de pin, de bûches de bouleau, de cocottes de pin et de rubans récupérés peut aussi représenter un excellent moyen de décorer en toute simplicité.

« L’esprit des fêtes, c’est de partager du bon temps! On n’a pas besoin de mettre le paquet pour avoir un Noël réussi », conclut le responsable du GSVQ.

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 Vous nous faites honte, M. Harper !

 Le Soleil et Cyberpresse, mercredi 28 novembre 2007 – Commentaire/page éditoriale

 Pascal Grenier, Administrateur*
Réseau québécois pour la simplicité volontaire

M. Harper, en vous opposant publiquement, encore une fois, au protocole de Kyoto et en dénonçant ce que vous avez qualifié «des erreurs de Kyoto que l’on ne devait pas répéter», lors de la récente rencontre des chefs de gouvernement du Commonwealth à Kampala en Ouganda, vous nous faites honte à la face du monde.

Alors que votre gouvernement est minoritaire et que la majorité des Canadiens sont en faveur de l’adhésion au protocole de Kyoto, votre attitude est antidémocratique. Alors que les menaces environnementales majeures conséquentes aux changements climatiques ne peuvent plus être mises en doute, votre comportement est irresponsable. De plus, en proposant de limiter les objectifs à des cibles non contraignantes ou trop lointaines, vous rendez inefficace la lutte aux gaz à effet de serre.

Il appartiendrait au Canada à s’investir pleinement dans Kyoto et à donner l’exemple, sans quoi vos arguments, M. Harper, sont le signe flagrant de mauvaise foi. Le Canada est un pays riche et il devrait entretenir une relation d’aide et de support, sans paternalisme, avec les pays en développement, plutôt que d’exiger d’eux qu’ils restreignent leurs économies de façon exemplaire dans le cadre du protocole de Kyoto. Une bonne partie de la population de ces pays est dans une position de survie, alors que nous sommes dans l’abondance et même la surabondance. Ne parle-t-on pas de société de surconsommation quand on nous qualifie? Dans ce contexte, la contribution des pays sous-développés ou en émergence, uniquement dans le cadre de la seconde phase du protocole, est tout à fait raisonnable.

En mentionnant qu’il est impossible de mettre en œuvre le protocole de Kyoto au Canada, vous vous faites le porte-parole du lobby du pétrole canadien et de celui des États-Unis, plutôt que d’écouter la population canadienne. Pourquoi ne pas suivre l’exemple de l’Europe qui y réussit admirablement bien. D’ailleurs, celle-ci nous imposera fort probablement des sanctions économiques prochainement, si nous ne nous conformons pas au protocole.

Le Réseau québécois pour la simplicité volontaire s’élève en faux contre cette position du gouvernement canadien sur le protocole de Kyoto. Nos centaines de membres québécois réduisent déjà volontairement leur consommation pour des objectifs de sauvegarde de l’environnement et de qualité de vie actuelle et future pour tous.

Nous voyons venir la conférence de l’ONU à Bali la semaine prochaine, sur la phase 2 de Kyoto, avec beaucoup d’appréhension par rapport à la position canadienne. Nous voudrions que le Canada continue de développer son rôle de leader dans certains aspects de l’environnement, plutôt que d’en devenir le mouton noir. Vous nous faites honte M. Harper!

*Aussi responsable du Groupe de simplicité volontaire de Québec

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 Bali et la nécessaire remise en cause de la croissance

Le jeudi 06 déc 2007 dans Cyberpresse,
Le jeudi 27 décembre 2007 dans le Soleil 

Pascal Grenier, simplicitaire
Québec

Le gouvernement du Québec, présent à la rencontre de Bali, mise essentiellement sur des améliorations technologiques afin de réduire la production de GES, responsables de l’effet de serre. De plus, M. Charest y voit là une opportunité de croissance économique. Or les technologies ont des possibilités limitées et ne sont pas sans conséquences elles-mêmes sur l’environnement. Prenons par exemple les améliorations technologiques considérables apportées aux automobiles réduisant la pollution, lesquelles réductions ont été annulées par l’augmentation du nombre et de la taille des véhicules, sans compter l’accroissement des déplacements.

L’après Kyoto ne se fera donc pas sans changements radicaux de notre façon de vivre. Les réductions effectuées et prévues jusqu’à date ont été difficiles à atteindre et certains envisagent un autre effort de l’ordre de 30% voir 50 et même 80% à plus long terme. Par conséquent, il faudra de toute évidence, réduire la consommation en général, car celle-ci est en ligne directe avec la pollution, l’émission de GES et la dépense énergétique. Même si la décroissance répugne au monde des affaires et aux gouvernements, cette orientation est un passage obligé.

Afin de réduire la consommation, il faut mieux éduquer jeunes et vieux sur les conditions du bonheur. Actuellement, le monde de la publicité nous présente « le bonheur par la consommation », alors que souvent les personnes surendettés, stressées au maximum et dans la course folle à la surconsommation ne sont pas vraiment heureuses.

Une société de la décroissance passe aussi par la diminution de l’accumulation de richesse. Les millionnaires de ce monde nous entrainent dans une spirale du toujours plus posséder. Alors, il faudrait envisager des choses aussi radicales qu’un salaire et un patrimoine maximum

Parmi les autres changements radicaux il faudrait adopter la simplicité de vie. Par exemple apprendre à vivre selon nos besoins plutôt que selon nos moyens, investir dans le savoir, les relations humaines et la spiritualité plutôt que dans le matérialisme, redéfinir notre qualité de vie plutôt que de mesurer notre succès à notre quantité de biens, revoir les projets politique de la gauche et de la droite axé essentiellement sur le productivisme.

Les politiciens écartent souvent ces idées de décroissance du revers de la main prétextant qu’il y a encore trop de pauvreté. Or une meilleure répartition de la richesse, viendrait facilement à bout de la pauvreté au Québec.

Les objecteurs de croissance sont actuellement qualifiés de rêveurs. Mais dites-moi, lequel est le plus rêveur ; celui qui croit à une croissance infini dans un monde fini, ou celui qui dit que la terre a atteint ses limites de production et d’épuration ?

Cyberpresse:

Paru aussi mardi le 11 décembre 2007  dans le Journal de Montréal  à la section « Votre opinion » sous le titre: « Vivre simplement et moins polluer »,

– 2006 –

  Non à l’abandon du protocole de Kyoto au Canada

 LeSoleil , Opinion du lecteur, 9 juin 2006

Connaissant les conséquences dévastatrices dues à l’augmentation des gaz à effet de serre (GES),  nous sommes révoltés de constater que le gouvernement conservateur ne compte pas respecter le protocole de Kyoto, signé par le précédent gouvernement. Même si chacun a un rôle individuel important à jouer dans la diminution des GES, il est du devoir du gouvernement d’instaurer des lois pour réduire les émissions des GES, comme le Canada s’y est engagé en 1997.

Dans notre société de profits et de consommation où le confort et l’individualisme sont si présents, des mesures radicales doivent être prises pour inciter et obliger les entreprises et les citoyens à adopter de nouveaux comportements face à un écosystème en changement brutal.

Diminuer les émissions des GES n’est pas utopique car certains pays d’Europe y sont parvenus, alors qu’attendons-nous ? A quoi sert de vouloir une croissance économique infinie si nous sacrifions l’avenir de nos enfants ? Nous demandons  donc à M. Harper d’agir pour une société plus durable.

 Les 7 membres de l’Atelier d’introduction à la simplicité volontaire de Québec

François Beaudoin, Nathalie Chataignier, Dorothé Couture, Huguette Vaillancourt, Isabelle Robitaille, Alexandre Dumas, Pascal Grenier

 

 L‘incontrôlable impulsion d’acheter

 Louise Lemieux

Le Soleil, Québec   15 novembre 2006,  page A-10

Noël approche. Dans quelques semaines, les centres commerciaux seront pris d’assaut. Les acheteurs compulsifs s’en donneront à cœur joie. Peut-être même que leur trouble sera moins apparent. Mais à vrai dire, les acheteurs compulsifs n’ont pas besoin de Noël pour se ruer dans les magasins…

Quand François va au Dollorama, il est au septième ciel. Il fait le tour des rayons. Que c’est beau ! Que c’est mignon ! Que c’est donc pas cher ! Et hop ! dans son panier.

Tous ses proches savent que François est dépensier. Qu’il achète trop et pour rien. Il achète, c’est plus fort que lui. Surtout quand il est triste ou qu’il a une déception. Quand il revient à la maison, il se sent coupable. Pourquoi, encore une fois, avoir acheté toutes ces babioles inutiles ?

« François achète pour ne pas sentir sa souffrance intérieure. Pas besoin de dépenser de gros montants pour être acheteur compulsif. C’est quand il y a un malaise avec les achats que ça devient problématique. D’ailleurs, François le dit lui-même : avant, il aimait ça acheter, maintenant, il n’est plus à l’aise avec ça », explique Danielle Deslauriers, thérapeute en relation d’aide pour le groupe de Simplicité volontaire de Québec.

Chaque semaine, Mme Deslauriers réunit une demi-douzaine d’acheteurs et d’acheteuses compulsifs. Durant deux heures, ils parlent de leurs liens troubles avec la consommation. « C’est un groupe de partage. Ce n’est pas une thérapie, mais les rencontres sont thérapeutiques », fait Mme Deslauriers.

François fait partie du groupe.

« Notre groupe, c’est un espace d’accueil, où il n’y a pas de jugement. Les gens sont libres de parler ou de se taire. Mais c’est un moment pour eux de se déposer. Ce faisant, ils peuvent toucher à leur angoisse du j’ai loadé toutes mes cartes de crédit. Je suis là pour les accueillir. Notre groupe, c’est un endroit confidentiel, sécurisant, où tous les participants vivent le même problème », explique la thérapeute.

Ce qui revient le plus souvent, c’est la honte mêlée à un complexe d’infériorité. « Les gens du groupe se rendent compte qu’ils ont dépassé les bornes dans leurs achats. Mais le besoin d’acheter est plus fort qu’eux. J’ai confiance. Mes six participants, François y compris, vont cheminer, certains sortiront de leur malaise », promet Danielle Deslauriers.

En attendant, les hommes et les femmes de son groupe sont stressés, ils ont du mal à dormir, ils souffrent de maux d’estomac.

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Des stratégies pour enrayer l’impulsion

Louise Lemieux

Le Soleil, Québec  15 novembre page A-11

Pour se débarrasser de l’impulsion d’acheter, il faut en premier lieu trouver des stratégies pratiques et soigner le sentiment profond qui provoque cet élan incontrôlable.

« Dans un premier temps, il faut prendre conscience de ses impulsions. Qu’est-ce que j’ai toujours le goût d’acheter ? Pourquoi cette urgence d’acheter ? » explique le psychologue Claude Boutin. Écrire toutes les pensées qui portent à dépenser est un premier pas.

Par la suite, certaines stratégies peuvent aider à mater la pulsion irrésistible d’acheter : rencontrer un conseiller financier pour consolider ses dettes et planifier un budget, se débarrasser des cartes de crédit, annuler les abonnements, interdire les publicités dans la maison, éviter ses magasins favoris, développer d’autres intérêts, magasiner (quand il le faut) en compagnie d’un non-compulsif.

Dans un deuxième temps, l’acheteur devra comprendre les sentiments qui ont provoqué son trouble, s’en libérer, se ressourcer.

L’achat compulsif, comme les autres formes de troubles de l’impulsion, n’a pas toujours besoin d’un traitement psychologique, selon le psychologue Claude Boutin.

Le groupe de Simplicité volontaire de Québec a mis sur pied un groupe de partage (information : 660-3550). Danielle Deslauriers, thérapeute en relation d’aide, réunit chaque semaine une demi-douzaine d’acheteurs compulsifs, au centre Mgr-de-Laval à Beauport. Le coût de chaque rencontre est de 6 $.

Ce groupe de partage est le seul dans la région qui s’intéresse aux acheteurs compulsifs.

Mme Deslauriers a l’intention d’organiser un autre groupe fin janvier.

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Un Noël de simplicité volontaire : des fêtes pas compliquées

Francis Higgins

Le Soleil, Collaboration spéciale, Québec

Sous le sapin de Pascal Grenier, un adepte de la simplicité volontaire, on ne risque pas de trouver de PlayStation 3. Ça ne veut pourtant pas dire que sa famille et lui ne se gâtent pas pour Noël.

Cet ingénieur à la retraite a transformé sa vie il y a six ans. « J’ai changé ma façon de faire pour des raisons environnementales d’abord, mais j’ai découvert un nouvel équilibre de vie qui suscite une meilleure harmonie », explique l’homme de 61 ans. Il a vendu sa grande maison et sa deuxième voiture pour emménager dans une demeure plus modeste. Cette conversion lui a permis de dépenser moins, de travailler moins et de passer plus de temps en famille.

La période des Fêtes a été transformée radicalement pour les membres de la famille reconstituée de M. Grenier. Auparavant, ils dépensaient des centaines de dollars en présents. Désormais, ils se concentrent sur des « cadeaux significatifs ». « C’était du pur gaspillage ! On ne donne qu’un cadeau par personne, alors il doit être bien choisi. De préférence, on offre quelque chose d’usagé, acheté dans une boutique d’antiquités, ou un bel objet trouvé chez soi », dit-il.

Il fait souvent cadeau de son temps : prendre un instant pour cuisiner des mets pour d’autres, ou réserver un moment pour une activité avec un ami ou un parent. Ses idées préférées : remettre à son enfant un livre contenant ses recettes favorites ou encore prendre du temps pour lui apprendre à bien investir son argent.

Simple mais pas austère

Et pour les repas de Noël, c’est la formule du pot luck qui prévaut : chacun apporte une partie du repas.

Cependant, simplicité ne veut pas dire austérité. Chez les Grenier, on décore sans se gêner, mais toujours avec le souci d’une consommation responsable. Ainsi, Pascal Grenier a acheté des sapins sauvages pour orner l’avant de sa maison. Ceux-ci ont l’avantage d’avoir été « élevés » dans la région, sans recours aux pesticides. Donc, moins de pollution !

Cyberpresse : mardi 19 décembre 2006  

LeSoleil (copie papier) : mercredi 20 décembre 2006

 

– 2003 et 2004 –

 

 Le Soleil
Zoom, samedi 13 décembre 2003, p. D1

Noël: Fêter autrement, simplement !

Lanthier, Manon

Nous abordons le dernier droit avant Noël. Et la liste des tâches à faire n’en finit plus de s’allonger, tout comme la liste des cadeaux à dénicher ! Il est pourtant possible de s’en sortir sans y laisser sa raison, ni son compte en banque. Il y a également moyen de vivre cette période de réjouissances avec une tout autre approche. LE SOLEIL publie aujourd’hui le troisième et dernier texte de sa série visant à vous proposer des pistes et des trucs pour profiter pleinement de cette période de réjouissances.

Un Noël simple, c’est possible. Il suffit d’en avoir la volonté ou plutôt… la simplicité volontaire !

Inutile de courir chercher vos bas de laine et vos sandales. La simplicité volontaire ne réside pas dans le granola et le macramé. Elle n’est pas non plus synonyme de privation et d’autarcie sur une terre reculée de campagne. La simplicité volontaire, c’est avant tout la recherche de l’équilibre. Équilibre entre désirs et besoins réels, entre travail, loisirs et famille, entre les riches et les pauvres.

C’est un mode de vie qui a sûrement autant de définitions qu’il a d’adeptes. Pascal Grenier est le responsable du Groupe de simplicité volontaire de Québec, fondé en 2001, et qui compte maintenant plus de 400 membres dans la région. Sa maison est coquette, peinte en bleu avec des pierres des champs, tout près de la grande côte de Beauport. Rien qui annonce un mode de vie différent. Un abri d’auto, une voiture… À l’intérieur, les planchers ne sont pas en terre battue, mais en tuiles de céramique et en bois.

« On associe la simplicité volontaire à la pauvreté, au dénuement excessif », dit-il. Il n’en est rien. Il faut avant tout éviter la surconsommation. « C’est une recherche de la juste mesure, explique M. Grenier. Il faut satisfaire nos besoins raisonnables plutôt que consommer selon nos moyens. Ce qui est raisonnable pour moi, n’est pas la même chose pour toi. Moi, j’aime le vin, mais je ne voyage pas en avion parce que je trouve que c’est trop polluant. »

Acheter usagé ou équitable

C’est bien beau tout ça, mais comment apprêter la simplicité volontaire à la sauce Noël ? « Le temps des Fêtes est l’illustration de la consommation. Tout ce qu’on pense à acheter comme cadeau, c’est un objet neuf, qu’on emballe dans du beau papier neuf, déplore Pascal Grenier. On ne pense pas à donner de l’usagé, du temps, un service. On veut donner de belles choses pour montrer nos sentiments. On axe sur la consommation à outrance. »

Donner des objets usagés, ça ne veut pas dire se débarrasser de ses vieilles affaires. L’an dernier, Pascal Grenier et sa conjointe, Monique Tardif, n’ont rien acheté de neuf à leurs enfants respectifs. David a reçu une caméra vidéo, Guillaume, une trompette, les autres, des antiquités dénichées lors d’un encan, en novembre.

Cette année, le couple se tourne vers le commerce équitable. Tant qu’à acheter neuf, au moins, leur consommation aura un impact social. « C’est la voie privilégiée pour le développement des pays en sous-développement. On donne un juste prix pour le même travail et les mêmes produits, soutient l’ancien ingénieur du ministère de l’Environnement. Ça doit passer par là. »

Et la gamme des produits équitables est plus variée que le café ou le chocolat. « Nous sommes allées à la boutique Équimonde, raconte-t-il. On a fait nos emplettes de Noël là. Ce n’est pas grand, mais on n’est pas parti avec des idées de cadeau en tête. On s’est dit, on va voir à la boutique ce qui pourrait intéresser les enfants. Une fois, on a acheté pour 150 $ ! »

Emballages et décorations

Et ils n’emballeront pas leurs présents dans des papiers métalliques, mais plutôt dans du papier recyclé ou des sacs cadeaux récupérables. « On peut aussi utiliser les emballages de feuilles pour les photocopieurs que les enfants colorient ou les pages de bandes dessinées dans le journal. »

La simplicité volontaire s’applique aussi aux décorations. Il n’y a pas de gros bonhomme de neige en toile muni d’un système de soufflerie et d’une lumière devant la maison des Grenier-Tardif. « On récupère les décorations des années passées, on ne suit pas la mode, affirme M. Grenier. Je n’ai pas de sapin en fibre optique. Quand j’ai vu ça, je me suis dit : v’la les nouvelles technologies dans les arbres de Noël ! C’est comme les glaçons de lumières, là tout le monde en a et ça va être remplacé par autre chose l’année prochaine ou dans deux ans. »

Pour le fameux sapin de Noël, le Groupe de simplicité volontaire a établi une entente avec un producteur agricole de l’île d’Orléans. Les familles peuvent couper leur arbre sur sa terre au coût de 12 dollars : « Ça évite d’acheter des arbres qui ont été cultivés avec plein de pesticides, d’insecticides et d’engrais chimiques pour avoir la forme parfaite. » Et ça permet de créer de beaux souvenirs !

D’autres façons de fêter autrement

Vous avez plutôt le coeur à dépoussiérer les traditions de Noël cette année ? Il y a plusieurs façons d’y arriver.

Côté changement, un Noël sous les palmiers est nécessairement le dépaysement par excellence. Si le sud est à la portée de votre bourse, les destinations les plus courues sont la République dominicaine, le Mexique et Cuba. Mais cette option n’est pas très tendance dans la capitale : « Noël n’a jamais été notre plus grand vendeur, explique Johanne Tétrault de l’agence de voyages Laurier Du Vallon. Les gens de Québec sont des gens qui fêtent en famille. » Certains vont plutôt recréer le sud à petit prix dans le salon familial : même la dinde aura un autre goût en bermudas sur une chaise de plage, alors qu’il fait – 40°C dehors.

La bouffe est souvent l’élément clé de toutes les réceptions. Ce n’est pas pour rien que les inscriptions au gym et aux groupes d’amincissement montent en flèche en janvier ! La table peut donc devenir scène de changement, si le ragoût de pattes cède sa place à un mets traditionnel d’une autre communauté ethnique. Internet regorge d’exemples de traditions polonaises, espagnoles, mexicaines… À la Guadeloupe, c’est le cochon qui occupe le centre de la table, au Portugal, la morue, la raie et les beignets de citrouille. Il y a en a pour tous les goûts, à vous de donner un air exotique à la fête.

Même seul, il y a moyen de souligner Noël dans la joie. Certains bars organisent des réveillons pour les personnes seules. Pas envie de sortir ? Depuis sept ans il y a un chat-o-thon dans Internet qui permet de jaser avec des gens de partout. Pour s’inscrire à ce marathon de clavardage, il suffit de se rendre à l’adresse psychomedia.qc.ca.

Une bonne façon de partager l’esprit de réjouissance des Fêtes est de donner de son temps. Ça peut sembler moralisateur, mais faire du bien, ça fait du bien ! Les occasions de s’adonner au bénévolat sont nombreuses : l’Opération Nez rouge (www.operationnezrouge.com ou 653-1492) a toujours besoin de renfort la veille et le jour de Noël, plusieurs paroisses organisent des activités, tout comme les refuges pour sans-abri et organismes de charité. Il suffit de se renseigner, la main tendue sera vite saisie !

Trop plein de béton et ras-le-bol du rythme de vie effréné de la ville ? Prenez le chemin des bois. De plus en plus de familles décident de louer un chalet dans une pourvoirie et de profiter des activités de plein air qu’elles offrent : ça creuse l’appétit pour la bûche de Noël ! Il y a plusieurs endroits où s’évader à proximité de la région. Décrochage garanti !

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Le Soleil
Éditorial, jeudi 18 décembre 2003, p. A18

Pour des traversiers gratuits

Grenier, Pascal

Les traversiers Québec-Lévis sont désertés. La semaine dernière, à la traversée de 22 h, il n’y avait que trois autos qui arrivaient et quatre qui partaient. À 17 h, soit à l’heure de pointe, à peine 25 autos, pour un traversier qui peut en contenir 55. Un téléphone à la Société des traversiers révèle que la moyenne d’utilisation est de 13 autos par traversée. Tout ce matériel et tout ce personnel pour si peu d’efficacité, cela choque mes principes de simplicité volontaire et de contribuable.

Alors, voici quelques idées susceptibles d’améliorer la situation. D’abord, pourquoi ne pas rendre ce service gratuit ? Actuellement, il en coûte 5.10 $ pour une auto et son conducteur. L’argent récolté auprès des usagers ne représente que 30 % (2,5 M $/an) des coûts de gestion et d’entretien de ce système. De plus, ces coûts ne représentent pas complètement la réalité, car la construction d’un nouveau traversier (et il en faut deux) coûterait aujourd’hui 35 millions $.

La gratuité du service amènerait sûrement comme bénéfice un accroissement de l’achalandage, une augmentation des échanges entre les deux rives, une réduction significative des dépenses des gens devant traverser régulièrement, une réduction du gaspillage de pétrole et de la pollution des gens qui choisissent actuellement de « faire le tour par les ponts ». Nos gouvernements, cherchant des façons de réduire l’effet de serre à bon compte, pourraient y trouver là une façon facile et économique de le faire.

Bien sûr, nous nous posons tous la question : comment se paiera le trou de 2.5 M $/an ? On pourrait d’abord réduire, dès maintenant, les postes de péage à l’entrée et de la personne qui recueille les billets. En plus de réduire les coûts, on pourrait aussi accroître les revenus. Par exemple, on peut se demander : comment accroître les revenus et en même temps occuper utilement le temps des gens qui attendent en traversant ? Tout de suite on pense que, particulièrement pour tous ces travailleurs souvent pressés, ça pourrait être un moment idéal pour relaxer tout en mangeant.

On peut imaginer facilement que plusieurs personnes prendraient l’habitude de déjeuner ou encore liraient le journal en prenant un café, s’il y avait un restaurant à service rapide et à prix abordable à bord. Or, il y a quelques années, on a remplacé les restaurants par des machines distributrices. S’il y avait plus de monde, un restaurant pourrait devenir une source de revenu plutôt que de déficit. Actuellement, il passe 1 600 000 personnes/an sur les traversiers. Considérant une marge de profit de 40 à 50 % d’un tel type de restaurant, c’est donc un revenu de quelques millions $ qui serait un estimé raisonnable. On pourrait même explorer d’autres sources de revenu comme la négation d’entente d’aide à la réduction des gaz à effet de serre dans le cadre des engagements des gouvernements, à la suite du Protocole de Kyoto.

Voilà donc le fruit d’une courte réflexion. Toutefois, je suis persuadé qu’il y a possibilité d’améliorer la situation de façon importante en s’y penchant plus à fond. Chose certaine, le gaspillage actuel est tout à fait inacceptable. Est-ce possible qu’en mettant le service gratuit, ce soit plus rentable pour tout le monde ?

L’auteur est écologiste. Il habite Beauport

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Le Soleil
Opinions, jeudi 22 avril 2004, p. A17

La gestion des déchets :

Valoriser la réutilisation, mais pas par un écocentre

Le Groupe de simplicité volontaire de Québec (GSVQ) a formé un comité d’analyse du projet de plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ), dans le cadre de la consultation publique sur cette question. L’analyse détaillée sur le réemploi sera déposé prochainement à la commission de la CMQ.

Le réemploi permet de réduire considérablement les matières résiduelles tout en permettant de se procurer des biens à peu de frais. Il présente des forces : ainsi les gens ont pris l’habitude de donner leurs surplus à des organismes d’entraide et d’économie sociale et ces groupes sont nombreux dans le milieu. Les marchés aux puces, ventes de garage, les petites annonces ou de simples dons à un proche sont autant de réemplois. On peut faire des guenilles avec la literie usagée, réutiliser les sacs d’épicerie pour les ordures, congeler des aliments ou faire des semis dans des contenants vides, etc. C’est du réemploi.

Mais il comporte aussi des faiblesses, la principale étant le peu de dynamisme des ventes d’articles usagés. Beaucoup d’objets donnés aux organismes deviennent des déchets ou sont revendus à des compagnies qui n’en font pas toujours un usage optimal. Le peu d’intérêt des consommateurs pour les objets usagés est causé par le mépris pour les vieilles choses, la croyance que les magasins communautaires sont uniquement destinés aux pauvres, l’aspect rebutant de certains commerces, etc. De plus, ces organismes dépendent des subventions pour survivre. Le réseau est désorganisé et beaucoup d’organismes fonctionnent en vase clos. Finalement, beaucoup d’objets donnés sont fragiles et difficiles à conserver.

Dans son projet, la CMQ fait surtout état de deux propositions, soit la collecte des matières dans 11 écocentres et le programme général d’information et de sensibilisation. La centralisation de la collecte des articles destinés au réemploi dans les écocentres, puis la « réallocation » des objets aux organismes caritatifs par la suite, peut paraître à première vue séduisante pour ordonner les opérations. Toutefois, cette approche structurante est tout à fait déconnectée des besoins des organismes et elle manque de sens pratique. Même si des améliorations sont nécessaires pour la collecte des surplus domestiques, les organismes ne souhaitent pas cette façon de faire, qui introduirait un intermédiaire moins motivé pour manipuler ces objets disparates, sans emballage adéquat et souvent fragile : et qui hériterait de la bicyclette presque neuve ? du fauteuil déchiré ? Voilà un beau nid de discorde pour des organismes qui ont plutôt besoin de s’entraider ! De plus, les citoyens ne choisiraient plus l’organisme à qui ils donnent leurs surplus.

La proposition additionnelle de la CMQ, soit l’octroi de fonds pour le programme de sensibilisation, peut être approprié, mais il devra être orienté pour répondre à la principale problématique du réemploi, soit la dynamisation des ventes. Pour ce faire, la CMQ devrait se positionner clairement en faveur de ce type de commerce et, dans ses campagnes promotionnelles, en faire valoir les avantages (réduction des déchets et autres bénéfices pour l’environnement, économies pour les acheteurs, plus grandes possibilités de réparation des objets, achats locaux, encouragement des organismes humanitaires, etc.) L’allocation d’espace publicitaire gratuit dans les médias et sur les babillards dans les bâtiments des villes sont des moyens concrets à la portée des mandataires de la CMQ pour réaliser cet objectif.

La CMQ pourrait aider les organisations impliquées dans le réemploi en allouant une compensation financière correspondante aux coûts de gestion des matières résiduelles déviées de l’incinération, en fournissant des locaux (le recyclage de certaines églises, par exemple) et du matériel excédentaire des villes (meubles, ordinateurs, camions, etc.), par des exemptions de taxes, l’organisation de sessions de formation pour les gestionnaires et les employés des organismes, en favorisant la collaboration entre les acteurs, etc.

Le réemploi permet de grands espoirs dans la prévention des déchets, mais ce domaine est fragile, mal exploité et peu aidé dans la région de Québec. De plus, les orientations actuelles du projet de PGMR, et particulièrement celle des écocentres, ne concourra pas à améliorer la situation mais peut, de toute évidence, mener à sa détérioration.

Pascal Grenier, Sylvie Rouillard, Loriane Thibodeau et Danaé Lussier

Les auteurs sont membres du Comité de gestion des matières résiduelles du Groupe de simplicité volontaire de Québec

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Le Soleil
La Capitale et ses régions, lundi 26 avril 2004, p. A6

Adeptes de la simplicité volontaire
Le mouvement doit se multiplier pour survivre

Normandin, Pierre-André

La simplicité volontaire est à la croisée des chemins. S’il souhaite produire plus qu’un simple effet de mode, le Réseau québécois pour la simplicité volontaire doit quintupler le nombre de ses membres pour survivre. C’est du moins ce qu’avance celui qui a importé le concept des États-Unis en 1985, Serge Mongeau.

Regroupant à l’heure actuelle un peu plus de 200 personnes, les organismes qui en font la promotion au Québec devront en compter plus de 1000 d’ici deux ans pour assurer leur autonomie financière. Pour l’instant, ils sont tributaires des dons du public, une source de financement trop instable. L’enjeu est de taille selon M. Mongeau puisqu’il en va également de l’avenir de la planète. « On consomme présentement comme si nous avions deux Terre. »

Selon ce résidant de l’île d’Orléans, les citoyens ne doivent rien attendre des gouvernements. « Le Protocole de Kyoto est un bon exemple. Les États-Unis ont refusé de le signer et rien n’a été fait depuis. Il ne faut pas attendre les solutions d’en haut. » Même si Serge Mongeau a écrit son livre en 1985, la simplicité volontaire gagne en popularité seulement en 1998 alors qu’il réédite son ouvrage. « Je me sentais marginal au début. Mais l’idée a été beaucoup médiatisée et elle s’est répandue rapidement. » Les organisations enseignant les bienfaits d’un mode de vie plus sain ont pullulé avec le temps, principalement dans la région de la capitale.

Un colloque sur la simplicité volontaire s’est d’ailleurs tenu cette fin de semaine à l’Université Laval où plus d’une centaine de personnes sont venues en apprendre davantage sur ce mode de vie. Cinq organismes de la région de Québec ont d’ailleurs exposé concrètement comment ils appliquaient cette idée.

« Si on reste isolés, ça ne donnera rien », dit Serge Mongeau, qui se réjouit du travail de ces groupes. Il croit néanmoins que plus de travail doit être fait pour éviter le pire. « Si nous sommes autant malades dans notre société, c’est à cause de notre trop grande consommation. »

Selon M. Mongeau, l’obsession du matérialisme engendre des conséquences néfastes pour la santé. « On me parlait il y a quelques années que nous allions vivre dans une société du loisir. Au contraire, il faut travailler de plus en plus pour en profiter. Et comme on travaille, on n’en profite pas ! »

PANormandin@lesoleil.comn

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La richesse ne donne pas le bonheur

 Le Soleil
Opinions, mardi 30 avril 2004, p. A15

Il y a un mois, M. Alain Dubuc, président et éditeur du SOLEIL, nous a fait sa démonstration, en page Opinions, de ce qu’il propose comme objectif collectif, soit : l’augmentation du niveau de vie et la création de richesse. Pour y arriver, il suggère une « révolution » dans les valeurs, les attitudes et les comportements, passant par une « réactualisation » du modèle québécois et ce qu’il appelle « une approche équilibrée » entre le développement économique et les objectifs sociaux, dont la clé est la valorisation de l’esprit d’entreprise.

Bien que nous ne valorisions pas la pauvreté, nous ne croyons pas qu’il soit souhaitable de se fixer comme principal objectif collectif, l’augmentation du niveau de vie et la création de la richesse, et ce pour trois raisons principales.

La première réside dans le fait que notre niveau de vie actuel n’est pas atteignable par l’ensemble des humains de la planète (il faudrait 4,7 planètes pour ce faire, selon les travaux sur l’empreinte écologique de 1999). De même, notre niveau de vie n’est pas soutenable à long terme car, même actuellement, dans bien des domaines, nous puisons dans le capital-nature plutôt que de ne prélever que les intérêts. N’a-t-on pas déjà surexploité, à maints endroits, les pêches, les forêts, l’agriculture, etc ?

La deuxième raison est que la richesse ne donne pas le bonheur. En effet, il est démontré, par de très nombreuses études, qu’au delà d’un niveau de vie permettant de satisfaire ses besoins de base et un peu plus, il n’y a pas de corrélation entre l’accroissement de richesse et bien-être des individus. Les milliardaires cupides sont-ils plus heureux?

L’attitude, entretenue tant par les individus que les syndicats et les sociétés, qui consiste à se comparer à plus riches que soi et désirer ce que les plus nantis ont, provoque une spirale inflationniste qui n’est pas saine à notre avis. Ne sommes-nous pas déjà une des sociétés les plus riches du monde ? Est-ce le manque de richesse ou le partage de celle-ci qui fait défaut ? Ne serions-nous pas matériellement insatiables ?

La troisième raison a trait à l’importance de maintenir les valeurs des Québécois principalement du côté humain plutôt que de les déplacer sur le plan prioritairement économique et matériel. Vous savez ce qui arrive, dans un couple, quand un des deux conjoints déplace sa priorité de l’amour de son partenaire et de ses enfants vers l’argent et le travail… L’esprit matérialiste n’a-t-il pas déjà suffisamment envahi les valeurs ?

Ne devrions-nous pas plutôt nous fixer comme objectif collectif, l’accroissement du BNP (Bonheur national brut) plutôt que l’augmentation du PNB ?

« L’urgence d’agir » doit être faite de juste mesure en toute chose, de recherche de simplicité, de modération, du respect de l’environnement physique et humain, de justice sociale, de priorité accordée à la famille et aux relations humaines et de place importante donnée à l’éthique, la morale et la spiritualité dans nos vies et dans nos sociétés.

Pascal Grenier, Roch Côté, Josée Grignon, Mario Denis, Georges Auger et Loriane Thibodeau

Les auteurs appartiennent à l’atelier d’introduction à la simplicité volontaire de Beauport.

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Un projet insensé

 Le Devoir
ÉDITORIAL, mardi 3 août 2004, p. A6

Pascal  Grenier
Le gouvernement canadien s’apprête à appuyer les États-Unis dans leur projet insensé de bouclier antimissile.

Ce projet est, en bonne partie, une résultante des événements du 11 septembre 2001. Leur accorder notre appui, avec le projet de bouclier, c’est reconnaître le déni de responsabilité du gouvernement américain, avec sa politique étrangère inappropriée et ses corporations exploitant de nombreux peuples du tiers-monde.

Une réponse positive équivaudrait à faire entrer le Canada dans une logique de guerre et de développement de la militarisation extrême, soit jusque dans l’espace. Ce serait aussi endosser une attitude qui a quelque chose de paranoïaque. En plus d’hypothéquer les finances du Canada pour des années, ce projet réduirait les possibilités d’initiatives de paix constructives. Il serait, en effet, bien préférable de développer une approche de coopération, de collaboration, voire d’aide dans les pays vivant un sentiment d’injustice économique, sociale ou politique.

C’est ce genre de progrès que favorise le Groupe de simplicité volontaire de Québec, lequel est le meilleur gage de bonheur à moyen et à long terme pour les peuples de la Terre, y compris les Américains et nous.

Note: il n’y a pas d’argent ni de moyens techniques pour nous procurer un réel sentiment de sécurité si les autres nous haïssent.