Texte publié par Pascal Grenier, dans le Devoir du 17 septembre 2019
Dans le cadre de la semaine « Défi sans auto » organisé par l’Association des centres de gestion des déplacements du Québec (ACGDQ) qui se tient du 16 au 22 septembre 2019, je vous soumets ce témoignage.
Je vis sans auto depuis huit ans. Même si un certain nombre de gens le font aussi, je n’aurais jamais cru une telle chose possible pour moi. Pendant les trente premières années de ma vie de famille, j’ai habité en banlieue éloignée et nous avions deux autos. Par la suite, je me suis rapproché de la ville et nous avons vendu une voiture. Finalement, j’ai acheté un condo au centre-ville et je me suis débarrassé de mon auto.
L’automobile est très polluante. Le smog, les pluies acides, les gaz à effet de serre, l’émission de particules fines et l’amincissement de la couche d’ozone en sont les principales conséquences. En plus d’être très dommageable pour l’environnement, la possession d’une auto implique plusieurs exigences. La principale est de faire l’objet d’une préoccupation constante pour sa sécurité. Posséder une auto implique aussi des coûts considérables (achat, dépréciation, assurance, essence, stationnement, réparations, contraventions, permis de conduire, immatriculation, etc.). Plusieurs actions sont aussi nécessaires pour en assurer l’entretien (lavage, cirage, changement périodique d’huile, de freins et de silencieux, etc.). L’hiver amène également des gestes à poser (déneigement de la voiture et du stationnement, gratter la glace lors de verglas, montage et démontage de l’abri temporaire, changement de pneus et d’essuie-glace, etc.).
Il existe pourtant d’autres possibilités de transport comme l’auto-partage, le covoiturage, le taxi, l’autobus, le train, la bicyclette, la marche, les patins à roues alignées, la trottinette et la planche à roulettes pour les plus habiles.
Évidemment, pour pouvoir vivre sans auto, il faut « organiser sa vie ». La principale condition est de demeurer dans un milieu suffisamment dense pour bénéficier d’un bon service de transport en commun, d’une abondance de services de proximité, et de la disponibilité d’auto-partage tout près. Avec ces trois facteurs réunis, il est possible, pour plusieurs personnes, de vivre sans auto.
Vivre sans auto présente plusieurs avantages dont une diminution considérable des dépenses. Personnellement, il m’en coûte moins de 2 000$/an pour la rubrique transport de mon budget alors que la possession et l’usage d’une voiture peuvent représenter fréquemment un coût pouvant atteindre trois à cinq fois ce montant selon le CAA Québec. Je réussis même à dégager un revenu en louant mon stationnement fourni à même mon condo. Vivre sans auto m’oblige aussi à marcher plus souvent, ce qui me force à faire de l’exercice. Finalement, l’absence d’auto dans ma vie m’apporte une certaine forme de libération mentale n’ayant pas à m’en préoccuper. Évidemment, ça me donne aussi la satisfaction de vivre en cohérence avec mes valeurs en réduisant mon empreinte écologique. Contrairement à la croyance populaire, vivre sans auto, serait-ce la liberté? C’est à cette conclusion qu’arrivent de plus en plus de jeunes États-Uniens qui, selon une étude récente de l’Université du Michigan, achètent moins de voitures que leurs parents.
Pendant cette semaine du défi sans auto pourquoi ne pas faire l’essai du transport actif (marche, vélo ou transport en commun) et qui sait vous pourriez peut-être y prendre goût et l’adopter.
Pascal Grenier, coordonnateur
Groupe de simplicité volontaire de Québec