- Un article de Pascal Grenier, publié le 13 janvier 2022 dans le Journal Métro.
Après ce qu’a vécu l’ouest canadien l’an passé, soient des canicules, sécheresses, inondations, feux de forêt et froids extrêmes, ça m’a amené à réfléchir à ma situation à Québec et particulièrement à Limoilou ou je demeure.
Canicules
Bien que nous ayons eu plusieurs canicules en 2021 au Québec, les plus fortes en fréquence, intensité et longueur ont eu lieux en 2010 et 2018, ayant fait respectivement 280 et 103 morts, attribuables aux chaleurs extrêmes.
Personnellement les conséquences des canicules sont une de mes craintes. À 76 ans je résiste moins bien à la chaleur. Je ne veux toutefois pas m’équiper d’un climatiseur parce que mon appartement n’est pas bien adapté pour cela et pour éviter la production de HCFC, ce fluide réfrigérant si nocif pour l’effet de serre et aussi à cause de la dépense énergétique que son fonctionnement occasionne. J’ai plutôt pensé m’adapter en fréquentant des lieux climatisés comme la bibliothèque, le cinéma ou l’épicerie, puis me réfugier parfois dans le sous-sol du bâtiment où j’habite lequel est assez vase et frais. Je m’y suis installé de l’éclairage et une chaise confortable où je peux lire tranquillement et récupérer des chaleurs extrêmes. En cas de nuits torrides, alors que mon ventilateur ne suffirait pas à me rafraîchir, j’envisage même y passer des nuits en disposant un matelas de sol de camping, un oreiller et un sac de couchage. Ce sont là des solutions simples qui peuvent permettre de s’adapter aux quelques jours de canicules que nous vivons actuellement chaque année.
Feux de forêt
Bien que nous ayons été exemptés, jusqu’à maintenant, de grands feux de forêts au Québec, je crains que nous en soyons affectés sévèrement dans le futur. En effet, avec nos grandes étendues de conifères de la forêt boréale, nous sommes sujets à avoir des feux importants. Ceux-ci peuvent avoir lieu surtout dans les régions nordiques, mais également sur la Côte-Nord et aussi près de Charlevoix, de même que dans la réserve faunique des Laurentides. En plus des pertes de valeur forestière et des effets sur le climat, ces feux peuvent produire des fumées fort désagréables et nocives pour la santé. On peut toujours s’y adapter en demeurant à l’intérieur, mais ce n’est pas totalement efficace.
L’eau
Plusieurs aspects relatifs à l’eau m’amènent des craintes. La région de Québec a été, jusqu’à ce jour, épargnée en ce qui a trait aux inondations. Toutefois, à Limoilou, nous sommes à très basse altitude et susceptible de subir des inondations dans le cas d’une augmentation du niveau de la mer. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard qu’une de nos rues principales s’appelle « La Canardière ». C’est qu’il y vivait des canards ici, il n’y a pas si longtemps. Nous ne sommes pas non plus à l’abri, dans notre quartier, d’un débordement possible de la rivière Saint-Charles.
La ville de Québec est sujette aussi à des problèmes d’approvisionnement d’eau en qualité et en quantité. En effet, l’étalement urbain, favorisé par le télétravail en ces temps de pandémie, a fait croître les développements résidentiels au nord de la ville, principalement à Stoneham et à Lac-Delage. Ceci accélère la pollution du lac Saint-Charles, prise d’eau de plus de 300 000 résidents de Québec. En plus de ce problème qualitatif, sur le plan de la quantité, le lac Saint-Charles et sa rivière sont déjà sujets à des étiages très importants, surtout en juillet. Ceux-ci n’iront qu’en s’aggravant à cause des sécheresses, de plus en plus fréquentes et prolongées, provoquées par la crise climatique.
Il pourrait être relativement facile de réduire le problème qualitatif de l’eau du lac Saint-Charles en diminuant, voire en arrêtant, le développement au nord de Québec. Toutefois, la question de la quantité d’eau est plutôt insoluble, à moins de trouver d’autres sources d’approvisionnement. En effet, la réduction des fuites sur le réseau d’aqueduc et la limitation de l’usage de l’eau par les citoyens ont leurs limites.
La précarité d’une autre prise d’eau de la ville de Québec, cette fois dans le fleuve Saint-Laurent, laquelle dessert 20% de sa population, est un autre problème à envisager en relation avec les changements climatiques. En effet, on craint sa salinisation d’ici quelques années. Actuellement, le front de l’eau salée se situe à la pointe est de l’île d’Orléans alors qu’il progresse continuellement vers l’ouest à mesure que le débit du fleuve diminue en été. Ici, envisager une désalinisation de l’eau potable ne sera pas une solution bon marché ni pour Québec ni pour Lévis.
Que ce soit les canicules, les feux de forêt ou les problèmes reliés à l’eau, nous ne sommes pas à l’abri, dans la région de Québec, des effets pouvant être sévères des changements climatiques. Il nous appartient donc individuellement et collectivement de trouver les meilleures actions pour diminuer nos effets sur le climat et à la limite, d’adopter des stratégies pour s’adapter.
Pascal Grenier, simplicitaire, Québec
Voir d’autres publications de Pascal Grenier dans Le carnet des simplicitaires ; et dans Presse-toi à gauche !